Erius, pile à l’heure
Jeff Erius a signé une course pleine de caractère pour remporter le 60 mètres des Championnats de France Elite en salle, ce samedi au Stadium Miramas Métropole, en s’affranchissant au centième près des minima pour les Championnats du monde de Glasgow, en 6’’58. Cyréna Samba Mayela sur 60 m haies et Margot Chevrier au saut à la perche ont également illuminé cette première journée de la grande explication nationale de l’hiver.
La perf
Erius fait le grand chelem
En plus d’être redoutablement rapide, Jeff Erius est doté d’un sens de la synthèse efficace : « Je conserve mon titre de champion de France, je fais les minima pour les championnats du monde, et je bats mon record personnel, je ne pouvais pas espérer mieux ». En 6’’58, le sprinter alsacien du Lille Métropole Athéltisme a « fait le travail » pour garder à distance Antoine Thoraval (EA Mondeville-Hérouville), qui détenait la meilleure performance française de l’hiver en 6’’60. Frustré de voir le chrono bloqué à un niveau qui ne correspondait pas à ses sensations, Erius avait besoin de la « petite excitation des championnats » pour mettre en adéquation son ressenti avec la feuille de résultats. « Je me sentais vraiment bien, et même si mon coach a trouvé que je manquais un peu d’agressivité dans ma transition en séries, je savais que ça allait le faire pour la finale. Je n’ai même pas eu besoin de consignes entre les deux courses ». Conscient que le « niveau mondial est très élevé », le jeune sprinter de bientôt 20 ans (il les aura le 8 mars) a bien compris que pour bien figurer à Glasgow, il faudra passer à la vitesse encore supérieure. « Avec 6’’58, ça ne suffira clairement pas pour entrer en finale, qui est mon objectif. »
Le temps fort
Samba Mayela voyage en première classe
Deux jours à peine après son arrivée des Etats-Unis, où elle s’entraîne désormais en Floride sous les ordres de John Coghlan, Cyrena Samba Mayela a dominé la finale du 60 m haies en 7’’87, privant ainsi Laeticia Bapté (US Robert) du quatre à la suite. En tête dès les premiers appuis, la hurdleuse du Lille Métropole Athlétisme n’a jamais relâché son étreinte pour devancer sa camarade de jeu martiniquaise, qui a tout de même réalisé son meilleur temps de la saison en 7’’94. « Faire descendre le chrono dans ces conditions-là, c’est quand même très bien », soufflait la championne du monde en titre. Si son esprit est évidemment tourné vers la préparation des Jeux de Paris (son « obsession depuis des années »), Cyréna s’est montrée très claire avec son nouvel entraîneur au moment de planifier son année : « Je veux défendre mon titre à Glasgow, cela me tient à cœur. » Même si la concurrence devrait y être féroce, puisque deux filles ont couru en 7’’67 cette semaine, la championne de France a montré qu’elle avait toujours le mordant nécessaire pour parvenir à ses fins.
La décla
« Je n’allais pas exulter pour 4,66 m, car ce n’est pas pour ça que j’étais venue. »
Plutôt démonstrative d’habitude, Margot Chevrier avait la joie assez discrète en retombant sur le tapis, après avoir effacé avec maestria 4,66 m au deuxième essai. Elle venait pourtant d’améliorer d’un centimètre le record des championnats, qu’elle partageait jusque-là avec Ninon Chapelle (EA Cergy-Pontoise), sa dauphine du jour avec 4,50 m. C’est que l’ambitieuse perchiste du Nice Côte d’Azur Athlétisme visait encore plus haut, sur un sautoir qui lui réussit bien puisque c’est ici-même qu’elle avait passé en 2022 4,65 m, pour rejoindre sur les tablettes Chapelle. « Je voulais faire 4,73 m ou 4,76 m », rappelait-elle à l’issue du concours. Des performances correspondant aux minima olympiques et au record de France.
Le chiffre
5
Voilà cinq ans qu’une Française n’avait plus dépassé la ligne des 14 mètres lors des Championnats de France indoor au triple saut, depuis Rouguy Diallo en 2019. Ilionis Guillaume (Stade Bordelais) a corrigé cette anomalie en retombant à 14,11 m à son ultime tentative ce samedi à Miramas, alors qu’elle avait déjà la couronne en poche. Le tout six ans jour pour jour après son dernier record personnel, qui datait de sa victoire aux France à Liévin en 2018.
Et aussi
Finot a du finish
Un dernier 200 m en 30’’38 lui a permis de boucler l’affaire. Malgré le gros travail foncier réalisé cet hiver, qui devrait porter ses fruits le week-end prochain à Castellon (Espagne) sur 10 km, Alice Finot avait envie de travailler sa pointe de vitesse sur 3000 m à Miramas. La cinquième du 3000 m steeple des derniers Mondiaux, grande favorite du jour, a couru à sa main en se détachant à partir de la mi-course puis en remettant un dernier gros coup d’accélérateur dans l’ultime tour. « J’ai lancé la machine à la fin, pour me prouver que ça répondait encore, retraçait-elle. Ça me tenait à cœur de défendre mon titre et de permettre au public français de me voir, à quelques mois des Jeux. C’était important aussi de montrer le maillot de mon club, le CA Montreuil 93. »
Konaté, Gicquel, Dagée et Olière également titrés
Même émotion des premières fois pour Erwan Konaté, vainqueur à la longueur grâce à un bond à 7,97 m. « Ça fait plaisir d’être enfin champion de France Elite, ça faisait un petit moment que je tournais autour. Je n’arrivais pas à bien sauter quand mes parents étaient là, et aujourd’hui, j’avais décidé de faire tomber cette malédiction. »
Toujours dans les sauts mais à la hauteur, Solène Gicquel s’est offert un troisième titre en franchissant 1,86 m, avant de coincer quatre centimètres plus haut.
Au poids, Frédéric Dagée a égalé la légende Yves Brouzet avec une sixième victoire en salle. Le colosse du Nice Côte d’Azur a mis tout le monde d’accord dès le premier essai, grâce à un jet à 19,90 m. Il s’est à nouveau approché de la ligne dès 20 mètres au lancer suivant, avec 19,82 m.
Orlann Olière n’avait, elle non plus, plus grand-chose dans les pattes à l’arrivée de la finale du 60 m. Mais la sprinteuse du CA Montreuil 93 a su préserver l’essentiel en passant la ligne d’arrivée en première position, avec un chrono de 7’’21, reléguant sa plus proche poursuivante, Mallory Leconte (Saint-Denis Emotion), à sept centièmes. Il lui reste deux semaines pour faire du jus avant les Mondiaux de Glasgow, où elle souhaite « juste kiffer ».
Crédit Athlé TV / FFA